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21/07/2016

Puressence

Mon histoire d'amour avec ce qui allait devenir mon quatrième (parfois cinquième quand j'ai un retour de Taxi Girl) groupe préféré de tous les temps ne s'est pas faite en un jour. Paradoxalement, quand j'ai écouté, attiré par la pochette, ce Puressence aux bornes d'écoute de mon Gibert parisien, j'ai vite reposé les écouteurs devant la longue intro entre shoegaze et Sonic Youth de 'Near Distance' et la voix d'écorché vif castré de James Mudriczki. Deux ans plus tard, la lecture du NME ou du Melody Maker m'incite à aller écouter un single. J'accroche bien et quand arrive la ligne :

 

"Why do I think this way at such a tender age" ('This Feeling'),

 

je suis définitivement conquis. J'achète le single (les deux versions cds, une autre époque, avec la superbe face B 'London in the rain') puis l'album Only Forever, j'adore et découvre alors que le groupe avait déjà sorti un premier album... dont je découvre avec stupeur la pochette ! Comment avais-je pu de façon aussi désinvolte rejeter un tel disque ? D'autant que l'intro de 'Near Distance' est vite devenu une de mes ouvertures d'album préférées... Certes, ces deux années m'avait vu amplifier considérablement le rayon de mon cercle d'intérêt musical (ah, avoir un revenu régulier et une connexion internet...) et vivre autant de moments de joies intenses que de grandes douleurs, mais quand même...

 

"And I'm all right now and no one knows it" ('I Suppose')

 

Depuis, Puressence et Only Forever sont devenus des compagnons de ma vie, ressortis avec une régularité que seule une poignée de mes milliers d'albums connait. Mais contrairement à mes autres favoris ('Faith', 'Seppuku', 'Mute', 'I could live in hope', 'This world and body'...), ils m'ont accompagné aussi bien dans mes plus grands bonheurs (rencontre, naissances) que mes plus grandes souffrances (maladies, décès, séparation), sans doute parce que la musique de Puressence est un pur numéro d'équilibriste entre ombre et lumière, entre douceur et abrasion, entre facilité mélodique et agressivité sonore, et ce jusque dans le chant, parfois à la limite du supportable tant les émotions y sont violentes.

 

"It's all I need to stop me thinking" ('Casting Lazy Shadows')

 

Alors dans ces six derniers mois qui auront été les plus difficiles de ma vie (oui, je sais, des milliards d'individus aimeraient sans doute avoir ma vie, mais je ne suis qu'un petit con prétentieux, égoïste et dépressif après tout)(un occidental quoi), ils sont revenus plusieurs fois par semaine sur la platine, à la fois rayon de lumière et main me ré-enfonçant dans la boue. Deux disques me permettant d'arrêter de tourner en rond dans ma tête et de me faire passer par des dizaines d'émotions contrastées (pleurs, sourires cons, envies de danser...) et dont les textes résonnent sans cesse de façons différentes. Deux albums qui me rappellent pourquoi j'écoute de la musique (de merde).

 

"Been around for ages so it won't change now," ('Near Distance')

 

Et bizarrement, alors que j'ai toujours pensé que je préférai Only Forever, ces dernières semaines m'ont fait préférer Puressence. Un meilleur équilibre entre les "tubes" (cinq morceaux furent choisis comme single, aucun n'a cartonné outre-Manche) et les morceaux plus introspectifs ? Un côté très dur et désenchanté alors que paradoxalement le deuxième album semble plus insouciant et dansant (Mani apparait à la production d'un titre...) ? Une plus grande variété dans les ambiances et les sonorités ? Only Forever est à coup sûr un album plus abouti et plus maîtrisé, mais il sort moins ses tripes... Mais après tout, cela re-changera sans doute dans quelques mois selon mon humeur. Quelle importance du moment qu'ils continuent de m'accompagner.

 

Puressencepuressence.jpg

Puressence

Island

10 titres

1996

En écoute